Cusco - Desaguadero (Kasani)

Vendredi 18 mars 

Après une journée de repos, ça y est, ce matin je reprends la route à 7h. Il me faut une dizaine de kilomètres pour sortir de Cusco, c'est rendu facile par la route en faux plat descendant. Puis je passe le village de Tipon où j'étais allé voir de très belles ruines. Après 30 kilomètres, la route monte un peu pour rejoindre l'Abra Carapata (3169m). Je passe à côté de Piquillacta et des ruines d'un très grand aqueduc. La bonne surprise, c'est qu'il n'y a pas trop de circulation. Au moment où le soleil semble vouloir sortir, j'observe un phénomène étrange, on a l'impression de voir un arc en ciel rond autour de lui ! 

Finalement, je termine la journée dans un joli sous-bois avec presque 100 kilomètres au compteur. Cette route m'a fait penser à la Finlande car on pense que c'est plat, mais en fait il y a plein de petites bosses et je finis la journée avec 1000 mètres de dénivelé. 

Samedi 19 mars 

Bonne surprise, une nuit quasiment sèche, juste quelques gouttes à 2h du matin, mais la tente est sèche au réveil ! Après quelques kilomètres, j'arrive à Combapata où on peut observer un pont colonial et à côté un pont de corde inca. Un peu plus loin, je m'arrête visiter les ruines de Raqch'i.

Puis c'est une route ennuyeuse et en faux plat montant. Ce n'est qu'après 60 kilomètres que la route monte un peu plus pour franchir l'Abra la Raya (4338m) Ces montées en fond de vallée m'épuisent car on ne se voit pas avancer et monter, et finalement à 4 kilomètres du sommet je vois un bon coin pour camper et je décide de m'arrêter. 

Dimanche 20 mars 

Le ciel est couvert ce matin, je peux plier mes affaires au sec mais après 1 kilomètre la pluie commence, heureusement pour les 4 kilomètres de montée elle est légère et semble même s'arrêter, le temps de faire une lessive et rejoindre Santa Rosa. Dans ce village, on veut d'abord me vendre du pain à un prix d'or : normalement pour 1 sol on a 4 ou 5 petits pains et là, on veut me le vendre à un sol l'unité, je rigole au nez du commerçant et vais voir plus loin. Finalement, dans une petite tienda, on me fera des prix normaux, c'est le premier contact avec la région de Puno ! La route est extrêmement ennuyeuse, toute plate. Pour me divertir, la pluie revient et cette fois elle est plus forte et pour pimenter le tout un petit vent de face se lève…  Arrivé à Ayaviri, je cherche un morceau de toit pour pouvoir manger au sec, mais les gens, très sympas, à chaque fois me disent : "non, ce n'est pas possible, il y a un restaurant là-bas !" Je les remercie et leur demande de m'inviter car moi je ne peux pas le payer ! Ils ne comprennent pas. Mêmes réponses au village suivant…  Finalement, je profite d'une brève accalmie pour manger rapidement debout à côté de mon vélo…  Puis, je continue ma route jusqu'à Pucará et campe 4 kilomètres après le village dans une ancienne carrière. Bref une super journée… 

Lundi 21 mars 

Ce matin il fait frais, 2 degrés quand je commence à rouler à 6h30, j'ai les doigts bien froids (bien aidé par le pliage de la tente mouillée !) mais le pire c'est les pieds, car comme hier il a beaucoup plus les chaussures sont mouillées et j'ai beau avoir mis mes pieds dans des sacs en plastique, le froid humide passe 🥶. Heureusement, la température monte un peu au fur et à mesure que se lève le soleil et à 8h il fait 9 degrés, quelle sensation de chaleur, je retrouve mes pieds ! J'arrive à Calapuja vers 9 heures, j'ai fait la moitié du chemin pour Juliaca où je pense aller à la casa ciclista. J'en profite pour faire un petit goûter et faire sécher mes chaussures et mes pieds au soleil. Avant d'arriver à Juliaca, il y a une ribambelle de stations-service, environ une tous les 500m sur des kilomètres ! Arrivé dans Juliaca, la conduite est amusante, ça vient de tous les côtés et on passe au milieu du marché touk touks, bus, voitures, motos et véhicules en tout genre ! J'arrive à la casa ciclista à midi et me repose un moment. 

Mardi 22 mars 

Journée de repos et préparatifs du passage de la frontière. Je vérifie tout ce qui va m'être demandé et vais imprimer certains documents. Bien sûr, je fais ma lessive et fais l'entretien de mon vélo, contrôle des serrages des boulons, nettoyage de la partie transmission, changement de chaîne (celle-là n'aura même pas fait 1000 km…) et inversion pignon et plateau pour prolonger leurs durées de vie. Je vais également essayer de réparer ma petite lampe solaire car un bouton s'est dessoudé. Après avoir trouvé où faire cette soudure, je découvre que le bouton a également un problème, mais ça ne se trouve pas ici... On lui fait un petit bain de "tiner" pour enlever l'oxydation, ça marche, à voir pour combien de temps…

Mercredi 23 mars 

Départ tranquille à7h30 pour arriver au bon moment à la frontière par rapport au test PCR.

Arrivée à Puno en milieu de journée en pleine manifestation ! Je profite d'être dans une ville touristique (et surtout que j'ai oublié de le faire hier) pour retirer quelques dollars, toujours utile pour les passages de frontières.

Puis je continue la route et m'arrête de bonne heure, près d'une antenne téléphonique, un coin tranquille. 

Jeudi 24 mars 

La route est toujours aussi monotone. À Ilave j'imprime les quelques documents qui me manquaient pour la frontière. Après m'être approché au maximum, je campe vers un  captage d'eau, un coin tranquille. 

Vendredi 25 mars

Je fais les 30 km qui me séparent de la frontière avec un peu de pluie, je ne pouvais pas quitter le Pérou sous le soleil ! Malheureusement, mauvaise surprise, arrivé à Desaguadero la frontière est fermée côté Bolivie, apparemment pour des manifestations qui durent depuis une semaine… Je dois donc aller à l'autre frontière, Kasani, à 60 kilomètres. Je cherche un bus pour être à la frontière dans les temps par rapport à mon test PCR… Finalement après plusieurs refus (4 ou 5), un bus accepte de charger mon vélo, je paie 6 euro pour le trajet et j'arrive à la frontière vers 11h. Le douanier m'envoie à la "banco de la nación" pour payer une amende pour mon dépassement  de plusieurs jours du visa (une douzaine je crois, environ 10€). Il y a beaucoup de monde à la banque et cela me prendra 2 heures … De retour à la migration du Pérou il leur faudra bien 20 minutes pour valider tout ça et me faire mon tampon de sortie… À la migration de Bolivie c'est beaucoup plus rapide, il me faut moins de 5 minutes pour avoir mon tampon d'entrée ! 

Bilan Pérou 

Le Pérou, un pays qui nous fait immédiatement penser aux incas et à la cordillère des Andes. J'ai commencé par Lima où mon ami Rod m'avait invité pour les fêtes de fin d'année, finalement j'y serai resté plus longtemps que prévu à cause d'un problème de colis de France qui arrive en retard et incomplet, heureusement j'ai trouvé une solution avec un français, Mathieu Rigollet qui rentrait sur Lima et a bien voulu m'amener les pièces manquantes depuis la France. 

Bien sûr comment ne pas repenser au rêve d'un enfant de 6 ans que j'ai pu réaliser, gravir un 5000 m, l'abra…. 

Points positifs 

L'hospitalité et la gentillesse des gens dans certaines parties du pays, ils sont toujours prêts à discuter avec des voyageurs. Les routes qui sont en général en bon état et très bien tracées, avec rarement des pentes à 10 %. La culture inca très présente et ses ruines, comme Choquequirao qui pour moi est de loin le site le plus impressionnant ! 

  

Points négatifs

Autant les gens peuvent être sympathiques, autant il y a un grand problème d'éducation, c'est le premier pays où on m'a lancé des pierres (et pas seulement des enfants…), les chiens qui n'ont qu'une idée en tête : venir te mordre, ce qui provoque aucune réaction des propriétaires (ou des félicitations pour avoir bien défendu la maison…), ce qui inquiète quand on écoute le dicton "le chien est à l'image de son propriétaire"... Autant les routes sont bonnes, autant ce sont les plus sales que j'ai jamais vues, pas un endroit n'est épargné, pour les poubelles, la pachamama on s'en fout ! La conduite ici est horrible, apparemment plus on va au sud du continent moins on sait conduire, le plus surprenant c'est qu'ici on a pourtant un vrai permis de conduire avec examen… 

Comme dans beaucoup de pays, plus on s'approche des zones touristiques moiin les gens sont sympathiques... 

Question météo, je voyage en saison des pluies, alors beaucoup de pluie surtout dans les montagnes 

Quelques chiffres :

Je serais resté en Colombie 104 jours (36 seulement de vélo…), du 12/12/21 au 25/03/22 pour 2473 kilomètres et 30969 mètres de dénivelé. 

10 régions traversées : 

Lima, Ancash, Huánuco, Pasco, Junín, Huancavelica, Ayacucho, Apurímac, Cusco, Puno