mercredi 23 février 2022

Huaraz - Huancayo

Jeudi 10 février
Aujourd'hui, c'est repos, j'en profite pour mettre à jour le blog, publications, photos, carte. J'essaie d'organiser un peu mon itinéraire et de regarder ce qui est le plus adéquate à faire en fonction de la saison actuelle et du temps que je veux passer au Pérou.

Vendredi 11 février
Comme prévu, le temps est humide, ce qui fait que j'ai du mal à démarrer : je pars à 7h30 sous une pluie fine…Toute la matinée, le temps changera en pluie fine ou pas de pluie. Cette route suit toujours la rivière Santa en alternant faux plats montants, montées, petites descentes : comme dit mon père : « on ne se voit pas monter » et ça joue sur le moral. Rajouter à cela le fait que je suis à court de forme,  et il y a aussi l'altitude (aujourd'hui je commence à 3000 mètres…). Imaginez, vous n'avez pas fait de vélo pendant 4 mois et on vous dit : tu vas monter le Ventoux par le côté de Sault, le plus facile, ressemblant à ma route à la petite différence que cette montée fait 26 kilomètres en partant de  750 mètres d'altitude pour arriver à près de 2000, alors que la montée que je fais est de plus de 420 km! et en partant du niveau de la mer pour arriver à près de 5000 m !
Cela explique que mon moral et mes jambes ne sont pas au top. Heureusement j'ai Chiquitine pour me tranquilliser ❤️.
À 13h, j'arrive au péage de cette route qui ne fait pas payer les véhicules à la montée, mais moi de toute façon je ne paye pas. La pluie  arrive et comme par hasard au moment où je dois mettre ma cape de pluie c'est la seule fois dans cette vallée où le vent ne me pousse plus et je l'ai de face 😢…Je roule encore un peu et finalement m'arrête vers 15h car je vois un bon coin et j'en ai marre…

Samedi 12 février
Toute la nuit, par intermittence, il a plu… Vers 6h ça se calme et je peux presque plier mes affaires normalement, mais je prendrais la route sous la pluie… Il me reste 20 kilomètres pour rejoindre la laguna Conococha où je vais enfin quitter la rivière Santa ! De là, je prends la route en direction de la Unión. Sur le chemin, alors que je m'abrite sous un abri bus, je discute avec un mineur qui travaille dans une mine sous le glacier Tuco et qui rentre chez lui à Huaraz. Il m'explique que c'est une mine de cuivre et de zinc. Après avoir passé un nouveau col à plus de 4000 🎉 la route descend à 3600 mètres,  et à partir de là commence la montée de l'abra Yanashalla à près de 4690 mètres ! Avant de monter, je décide de manger dans un petit restaurant, histoire de me réchauffer. Je mange un pachamanca, c'est un plat de viande servi avec des pommes de terre, patates douces, et bananes grillées, le tout avec un thé de munia (une sorte de menthe des montages qui a plein de vertus dont celle d'aider pour le mal des montagnes et en plus ça a bien meilleur goût que le thé de coca). Je monterai une douzaine de kilomètres et m'arrêterai un peu après le village de Pachapaqui : les villageois m'ont déconseillé de ne pas aller plus loin aujourd'hui. Bien sûr une fois que j'ai mis ma tente et organisé mes affaires là pluie s'arrête… Bon, mis à part la frustration, ça m'offre de belles vues sur les montagnes alentour.


Dimanche 13 février
Ce matin, bonne surprise (la météo avait vu juste pour une fois), il ne pleut pas et en plus le ciel est découvert ce qui m'offre de très belles vues mais une température basse, il fait 4 quand je prends la route, mais avec la montée je me réchauffe vite ! La route est agréable avec une pente régulière et quelques beaux lacets. Dans la montée, on peut observer un arbre fossilisé, pas évident à reconnaître, par contre les glaciers environnants sont superbes. Arrivé au sommet de l'Abra Yanashalla, je vais voir la piste que plusieurs villageois m'ont déconseillée, un me disait qu'il y a beaucoup de boue, un autre que ça allait être couvert de neige... Mais rien de tout cela, certes la piste manque très sérieusement d'entretien (ça doit faire plusieurs années que personne ne l'a arrangée), mais je vois des traces fraîches de motos et une de voiture. 

Je commence donc la première partie pour rejoindre l'Abra Huamanripa, cette portion est impressionnante car on traverse un éboulis, mais tout a l'air stable, il n'a pas plu et le soleil ne l'a pas encore chauffé. Ensuite, on change de vue, ça devient spectaculaire avec tous ses pics enneigés, ça m'en ferait presque oublier la piste qui a de nombreuses reprises est abîmée par les ruisseaux. Mais dans l'ensemble, ça passe bien malgré le manque d'oxygène dû à l'altitude (on est entre 4700 et 4900) qui rend difficile de monter avec mon vélo trop chargé… Mais le point positif c'est que cela me permet d'utiliser mes nouvelles petites vitesses, comme quoi cette casse avait du bon ! Petit à petit, je m'approche de mon objectif : le glacier Pastoruri. J'y arrive finalement vers 15h30, j'ai presque même le temps de monter avant la pluie/neige. Bien sûr, je monte avec mon vélo, ce qui complique la tâche, mais je ne pouvais pas passer à côté du col Pastoruri et ses 4 955m !

Petit point culture
"Le glacier Pastoruri qui culmine à 5240 mètres d'altitude est un des plus importants de la Cordillère blanche au Pérou, il a perdu de grandes quantités de glace et pourrait disparaître complètement d'ici dix ans à cause du réchauffement de la planète", selon l'AFP.
"La couverture de glace et les névés sont en train de fondre et une pièce d'eau s'est formée à la place d'une crevasse de glace de 40 mètres", a déclaré à l'AFP Marco Zapata, directeur de l'unité de glaciologie de l'Institut national des ressources naturelles (Inrena). "Il s'agit de ''glaciers tropicaux'' qui réagissent avec ''beaucoup plus de sensibilité'' au changement climatique", a averti le scientifique. M. Zapata a indiqué à l'AFP que "le Pastouri, diminuant actuellement de 24 mètres par an, pourrait disparaître d'ici dix à quinze ans. La superficie du Pastoruri, de 1,8 km2 en 1995, n'était plus que de 1,21 km2 en 2006. C'est-à-dire qu'il a perdu 40% de sa couverture de glace", a averti M. Zapata. D'après l'Inrena, le Pérou qui possédait une superficie glaciaire de 2.041 km2 en 1979, n'en avait plus que 1.594 km2 en 1995."

Finalement après ce petit tour je retourne camper sous le toit de l'allée des commerçants de l'office du tourisme, vide à cette saison.

Lundi 14 février
Ce matin après avoir rangé mes affaires et comme il fait beau je vais rapidement au glacier en marchant. 

Après cela, je reprends la piste en direction de la Unión. Je m'émerveille devant ces paysages superbes, la piste, toujours une alternance de montées et descentes,  est un peu moins dure dans ce sens si ce n'est le petit détour au Abra Gara Gara qui me prend 1h pour faire les 2 fois 1,5 kilomètres... J'arrive à midi au croisement de la route. J'y croise ma première voiture en 2 jours sur cette piste, la veille, j'avais croisé 2 motos !

Le temps a changé et le ciel est sombre, la première partie de la descente est agréable mais passé Huanzala, ça se détériore et passé Huallanca, c'est une route en travaux… Finalement je ne trouve pas de coin avant la Unión et me retrouve à camper à côté d'une église…
La première chose qui m'a frappé dans cette région, ce sont les gens. Comme partout au Pérou les chiens adorent te courir après dans l'espoir de te mordre (d'ailleurs maintenant je n'ai plus aucun scrupule à leurs lancer des coups de pieds quand ils sont à ma portée 🤭 ! ). Mais ici, le plus choquant c'est que les gens rigolent de voir leurs chiens essayer de mordre un gringo 😒 ! En plus, par 2 fois je reçois des jets de pierre… Il semble y avoir un gros problème d'éducation par ici… Pour les poubelles sur le bord de la route je ne vois pas de réel changement, le Pérou est le pays le plus sale qu'il m'ait été donné de traverser, c'est impressionnant et choquant 😢

Mardi 15 février 
Après une nuit où il n'aura pas arrêté de pleuvoir et après avoir confirmé les informations que j'avais sur la route de la Unión à Huánuco, je décide de prendre un transport. La route est en travaux sur quasi les 135 kilomètres reliant Union et Huánuco, et en période de pluie, ça devient un enfer. Pour vous donner une idée, en voiture nous sommes partis à 8h et arrivés à 4h soit 8h de route à 17 km/h de moyenne !!! La première partie qui suit la rivière Vizcarra puis la rivière Marañón est la pire : on y roule par moment dans plus de 30 cm de boue. En vélo il m'aurait fallu des jours pour passer… 

Une fois arrivé à Huánuco, je cherche un hôtel économique. Une fois installé, je vais faire quelques courses. De retour, je m'aperçois que la petite batterie pour mon téléphone n'a pas chargé, et en regardant mieux je vois que la connexion est défectueuse, c'est le risque de la recharger en roulant, avec les vibrations elle s'abîme, c'est pour cela que je ne branche jamais mon téléphone directement (et aussi pour un problème de tension qui varie en fonction de ma vitesse ce qui peut abîmer les batteries), c'est plus simple de changer une batterie qu'un téléphone ! Le lendemain,  j'irai en acheter une nouvelle dans le magasin d'électronique que j'ai vu en sortant du supermarché. 

Mercredi 16 février 
Je pensais en profiter pour une bonne nuit de sommeil réparateur, mais voilà, je me réveille à 4h30 et impossible de me rendormir, on dort mieux dans sa tante ! À 10h, une fois le magasin ouvert, je vais acheter une nouvelle batterie et j'en profite également pour acheter des spirales anti moustiques. 

Finalement, avec toutes ces "petites choses", je prends la route en milieu de journée sous un grand soleil chaud (ça faisait longtemps), mais à peine sorti de la ville, je sens quelques gouttes… Mais ça ne dure pas et j'aurais ainsi droit à 2 ou 3 petites averses pour me rafraîchir ! Plus j'avance, plus la vallée se resserre et ma route commence à monter doucement. C'est un peu compliqué de trouver un endroit où camper (quand on ne veut pas camper au centre d'un village), il y a peu d'espace et c'est souvent occupé. Finalement après un peu moins de 40 kilomètres je trouve mon coin, parfait. 

Jeudi 17 février 
Ce matin je me réveille en écoutant la pluie, j'espère que ça passera avant que je ne parte, mais non, ça baisse d'intensité mais ça persiste… Je commence donc à rouler sous la pluie, la route remonte toujours la vallée, ce n'est pas très difficile, mais avec ma cape, ça devient très désagréable… À Salkachupan, je m'arrête sous un abribus pour mettre mon pantalon de pluie et mes chaussures, l'air devient frais pour le short et les sandales 😅! Une fois terminé, je commence un petit goûter et une grand-mère vient m'inviter à boire un café bien chaud avec des biscuits car elle a de la peine pour moi qui doit avoir froid ! Je continue toujours sous la pluie et arrive vers Malauchaca où je m'arrête manger dans un resto bien mérité après 40 kilomètres de montée sous la pluie continue (c'est ce qui est bien au Pérou : on trouve des menus entrée/plat/boisson pour 2 euros ou moins). Je repars sans pluie cette fois pour la fin de journée, je fais un peu plus d'une dizaine de kilomètres supplémentaires car il est déjà tard et m'arrête à la sortie de La Quinua juste après une petite carrière. Un des employés veut absolument que je fasse une photo de la tortue et du pigeon de pierre, et un peu plus tard il m'apporte du café et biscuit, super sympa. 

Vendredi 18 février 
Ce matin il pleut encore un peu, je fais les quelques kilomètres qui me séparent du village de Pariamarca et demande comment est l'état de la piste que je veux prendre pour rejoindre le lac Tauli, et plus important, un col à 4000 mètres : je ne me vois pas monter 150 kilomètres sans un col en récompense ! Je demande à plusieurs personnes mais c'est un taxi qui semble connaître très bien cette piste et me la décrit très bien ! Me voilà parti, et par chance, il ne pleut presque plus ce qui me permet d'apprécier ce joli petit canyon. Cette piste est en bon état pour un cycliste, pas de boue et quelques flaques d'eau. Pour arriver à Yanacachi, on a droit à quelques lacets qui m'en font baver, le taxi m'avait indiqué que dans le 3ème lacet il fallait se retourner et pour voir un lion de pierre. Ensuite, le chemin s'arrange bien avec quelques portions inclinées au passage de rivière. Le lac juste avant celui de Tauli est pour moi le plus joli avec au fond sa cascade et son ranch au beau mur de pierre (le style Aubrac !). À partir de là, la pluie revient et je monte l'Abra tauli sous la pluie/grésil ! Ensuite je redescends le plus rapidement possible vers le village de Nina Acá où je retrouve  la route, car aujourd'hui est un jour important, et il me faut du signal pour souhaiter un joyeux anniversaire à ma chiquitíne ! 
Après avoir mangé je vais à la station-service pour voir si ici ils veulent bien remplir ma petite bouteille en aluminium pour mon réchaud : à Lima, ils refusaient disant qu'il y a une loi qui interdit de mettre de l'essence dans un contenant inférieur à 1 galon, ça fait bien rire la pompiste qui me dit "c'est des gens qui ne veulent pas travailler !" 
Je reprends la route pour terminer la journée sous des trombes d'eau. En arrivant au village de Huayer je vois un office du tourisme et leur demande s'ils savent où je peux camper sous un toit et finalement ils m'emmènent à la mairie (alcadi) où l'on m'autorise à camper sous un porche de la mairie, à l'arrière, dans un endroit fermé. 

Samedi 19 février 
Ce matin, une fois que l'on est venu m'ouvrir la porte, je prends la route sans pluie, j'arrive même à presque faire sécher un caleçon ! Mais sorti de Junín, je prends une première partie d'un orage avec pour finir des petit grêlons, ça réveille ! Puis 1⁄2 heure de repos et rebelote orage avec grêlons un peu plus petits. Pour me réchauffer je fais l'aller-retour à l'Abra Cochas et reprends la descente en direction de Huancayo, j'ai droit à quelques averses mais rapides. Quand j'arrive à Chules, je vois au loin le ciel noir, il est temps de trouver un endroit où camper et à la sortie du village je vois un petit toit à l'entrée d'un complexe sportif plus ou moins abandonné, ce sera parfait. 

Dimanche 20 février 
Quand je me réveille, je remarque que le portail du parking est fermé… Bon, il va falloir que je suive quelques mètres les rails du train pour pouvoir sortir. Mais bonne surprise, quand j'ai fini de déjeuner et de plier mes affaires, je vois un gardien venir ouvrir la porte, super timing ! La journée commence bien ! En plus il ne pleut pas ce matin ! Je prends la route en direction de La Oroya, une ville minière bien triste. Les 50 kilomètres sont une douce descente ou faux plat avec plusieurs petites côtes dans une jolie vallée resserrée. J'ai pour idée de rejoindre Huancayo où peut me recevoir un warmshower, mais il reste un peu plus de 70 kilomètres de plat ou faux plat descendant avec vent dans le nez… Dans cette plaine, on a une belle vue sur le glacier du Waytapallana. Finalement, j'atteins mon objectif vers 16h après 124,25 kilomètres en 6h36! Les jambes commencent à bien revenir et le souffle à s'adapter ! 

13 commentaires:

  1. Super, ça me rappelle d'énormes souvenirs, je suis passée aussi à vélo... La cordillère Bianca extraordinaire, ns étions partis de la mer, et en plusieurs jours ns n'avons pas eu de problèmes d'altitude...
    Petit rappel : Quito jusqu'à La Paz en 5 mois de mai à mi-octobre 2015...
    Bises et bonne continuation
    Christiane DEVILLE amie de tes parents : Club Raly

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    1. Non effectivement pas de problèmes d'altitude, c'est l'avantage du vélo !

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  2. Merci Xavier pour ce nouveau très beau reportage.
    Triste météo mais moral au top... bravo !
    Bonne route pour la suite.
    Amicalement,
    Jeanine L.

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    1. Merci Jeannine, c'est toujours un plaisir de voir tes messages !

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  3. Toujours top de te suivre. Bon courage pour la météo.
    Patricia et Christian

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  4. Bonjour Xavier, Nous te suivons régulièrement depuis le début de ton voyage, c'est chaque fois un plaisir de te lire et de voir tes photos. Bravo pour ta persévérance et ton enthousiasme communicatif. On te souhaite une bonne continuation. Continue de nous faire partager cette aventure périlleuse et parfois galère, mais tellement enrichissante.

    Annie et Jean Claude (St Symphorien sur Coise)

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  5. Bonjour Xavier,
    Je vois que beaucoup de choses ont changé depuis notre passage avec Sylvie en 1987!!! Lima-Abra Anticona Huancayo Cuzco Puno Frontière bolivienne. Personne à cause de la guérilla du Sentier Lumineux, pas d'eau, pas d'électricité, pas de téléphone! Pas de route, que de la piste. Une autre époque!
    Bon courage pour la suite.
    Pierre BRIVET

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    1. Bonjour Pierre quel plaisir pour moi de savoir que tu me lis, merci

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  6. Quel courage! Nous sommes toujours admiratifs... tu vas arriver au bout de tes rêves bravo! On pense à toi et on t'embrasse.

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  7. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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