lundi 18 octobre 2021

Bucaramanga - Zipaquira

Dimanche 10 octobre
Après plusieurs jours de repos chez Gerardo, il est temps de reprendre la route. Ce matin tout le monde se lève tôt pour me faire un petit déjeuner typique de la région de Santander, caldo (soupe) de pommes de terre avec œufs, croutons et un peu de lait, accompagnée d'une arepa (galette de maïs) et d'un chocolat chaud. Après, les traditionnels au revoir.


Je prends la route de San Gil. Les premiers kilomètres montent doucement, puis un peu plus fort quand la route repasse en simple voie. J'y croise beaucoup de vélos car on est dimanche et les cyclistes sont de sortie. Après 25 kilomètres, j'en ai fini de cette côte, place à 15 kilomètres de descente dans un joli décor qui me ramène à 550 mètres d'altitude… Maintenant, place à une montée de 30 kilomètres pour arriver presque à 2000 mètres ! Ici ils l’appellent "pescadero" (pêcheur). La première partie de la montée est chaude, très chaude, le soleil tape fort et la température monte à près de 40, heureusement plus on monte, plus c'est supportable. Arrivé au parc du "Cañón del Chioamococha", Gerardo m'a dit que l'on pouvait camper par ici, et la police m'indique un lieu 1 kilomètre plus loin, parfait, je suis seul avec une superbe vue ! Même s'il est encore tôt, je préfère m'arrêter pour ne pas trop forcer sur les mollets, ça fait longtemps que je n'ai pas fait de la vraie montagne ! Alors que tout était prêt pour un camping parfait, voilà que mon réchaud fait des siennes… il refuse de fonctionner. Après un nettoyage, il fonctionne 2 minutes, puis plus rien, il semble que l'essence n'arrive pas assez vite, j'essaie pendant 1 heure mais rien, heureusement j'ai une petite bouteille de gaz en cas de problème et avec celle-ci, ça fonctionne. Demain il faudra que je trouve une solution…

Lundi 11 octobre
Ce matin la tente est légèrement humide, il a plu quelques gouttes entre 3 et 4 heures. Il me reste une quinzaine de kilomètres pour rejoindre le sommet, mais la route est moins inclinée et on a même droit à des parties de repos. Puis après le village de Aratoca, commence la dernière partie de la montée, environ 5 kilomètres avec une bonne pente. Après une pause au sommet pour boire et manger un petit quelque chose, je mets une veste pour la descente, il fait frais, le soleil n'est pas sorti et on ne dépasse pas les 20°C. J'arrive à San Gil en milieu de journée et commence la montée en direction de Barichara où je vais chez un ami de Gerardo qui fait du fromage de chèvre.
La montée dure une quinzaine de kilomètres et histoire de pimenter cela, il commence à pleuvoir quand il me reste un peu moins de 5 km. Une fois passé le sommet, je cherche le chemin d'accès, c'est un petit chemin de 1 kilomètre mais avec de forte pente (20%) rendu impossible à monter sur le vélo par la pluie à cause de la boue…
Pour les derniers mètres, le jeune qui travaille avec lui m'aide à pousser mon vélo, seul ça aurait été quasiment impossible tant le chemin est glissant !
Carlos m'accueille avec un café et un fromage excellent, digne des meilleurs que l'on puisse trouver en France ! Un peu plus tard, je l'accompagne à Barichara, un village colonial, pour amener des fromages à un de ses très bons clients. Nous devons le retrouver sur la place du village où il amène ses enfants jouer, mais finalement il nous demande de le rejoindre chez lui. Après avoir discuté un bon moment avec lui, il nous invite à manger : spaghettis avec fromage type bleu, un régal.

Mardi 12 octobre
Aujourd'hui je vais profiter du lieu, de la vue sur la Cordillèra de Los cobardes et apprendre comment Carlos fait ses fromages, mais je commence par démonter mon réchaud pour laisser tremper quelques heures les différentes pièces dans du vinaigre, bicarbonate et eau chaude. Ensuite je rejoins Carlos qui trait ses chèvres.
 Il a un seau dans lequel il récupère le lait et il le filtre dans un autre seau où il a mis un ferment.
Une fois la traite finie, il va mettre le seau plein de lait dans sa pièce spéciale pour les fromages, il le laisse la journée ainsi. 
Je retourne vers mon réchaud et termine de tout nettoyer et remonter l'ensemble, mais le résultat est le même, il manque de puissance, le problème doit venir d'un petit joint mais je n'ai pas de pièce de rechange (malgré les 2 kits que je possède…), à voir ce que va me répondre la marque. Heureusement il fonctionne toujours au gaz. 
À 5h nous allons mouler les fromages, ils vont ensuite rester 3 jours à l'air libre avant d'être mis dans un réfrigérateur à 10 degrés. 

En fin de journée, nous allons une nouvelle fois à Barichara puis rentrons manger. Sa maman a préparé une espèce de saucisse faite avec du riz et des pommes de terre, super bon. 

Mercredi 13 octobre 
Malheureusement, je ne peux pas rester plus longtemps, je pars donc de bonne heure chargé de plusieurs fromages offerts par Carlos ! 

Après une petite côte, je redescends sur San Gil, puis s'en suivent plusieurs kilomètres de plat. Cinq  kilomètres avant Socorro, commence une bonne côte de 15 km, les jambes sont dures, à la limite de la crampe, dur, dur la reprise de la montagne après l'Amérique Centrale… Après la descente, j'arrive à Oiba où je vais demander aux bomberos de m'accueillir mais ils refusent… Je tente ma chance auprès de quelques restaurants mais ils refusent également (ils sont pourtant inscrits sur "ivolander"). Finalement, après quelques kilomètres, un couple d'anciens accepte de me laisser camper dans leur jardin, parfait. 

Après avoir installé ma tente, je discute avec l'homme qui m'explique le processus du café, car il en cultive. Le café pousse entre 1500 et 1700 mètres d'altitude. Ici il y a 2 types, celui qui donne un fruit jaune et celui qui donne un fruit rouge. Tous les 8 ans il faut couper la plante pour qu'elle repousse de nouveau, puis après 3 cycles l'arbre ne produit plus, il faut le changer. 

Après avoir récolté les fruits, il faut passer les fruits dans une sorte de moulin pour récupérer le grain de café, puis bien le laver. 

Ensuite il faut le sécher. Pour cela ils ont fabriqué une sorte de serre : s'il y a un bon soleil, en 3 jour les grains son prêts, on peut retirer la petite enveloppe qui a séché, il ne reste qu'à les moudre et à faire son café !

Jeudi 14 octobre 
Quand j'ai fini de ranger mes affaires, mes hôtes du jour me proposent le petit déjeuner, caldo de pomme de terre (soupe) et yuca (manioc) accompagné d'une arepa (galette de maïs) et de son tinto (café sucré) produit par eux même ! Le soleil sort au milieu de petits nuages qui s'élèvent comme les degrés, il faisait 20 en partant puis 25 dans la matiné, parfait pour cette route de petites bosses. Avant le goûter je passe la montée à la sortie de Vado Real, 5 kilomètres à 8%, je crois que ce sera la plus dure pour aujourd'hui. Quand je passe Barbosa, l'orage menace et on a l'impression qu'il va faire nuit alors qu'il n'est que 2 heures de l'après-midi. J'arrive rapidement à Puente Nacional où m'accueille Marius de warmshowers. On passera une très bonne soirée à discuter ! 

Vendredi 15 octobre 
Départ tardif, après avoir mangé un caldo de pomme de terre et viande, je quitte mon hôte Marius. 

À peine sorti du village, commence une montée de 24 km qui m'amène à 2500 mètres d'altitude. Cette montée se passe plutôt bien et j'arrive en haut en fin de matinée. Après quelques kilomètres, j'arrive à Chiquinquira, où je dois aller à la poste essayer de débloquer un colis de nouvelles jantes et pneus qui doit m'être livré à Medellín. J'y arrive à 1h mais devrais  attendre 2h30 pour qu'elle ouvre, malgré qu'il soit écrit sur la porte que ça ouvre à 1h… Durant tout ce temps, je ferais plusieurs rencontres, d'abord un homme qui m'a vu il y a quelques jours dans la montée du pescadero, puis ses collègues, tous veulent une photo… On m'offre même une bouteille de jus de mangue ! Un peu plus tard, une serveuse d'un petit resto où j'ai commandé des empanadas vient me voir et me propose de m'offrir une glace si j'accepte de faire une photo 😅. Et pendant ce temps, j'ai également rencontré un voyageur colombien de Bogotá, Christian, qui va en direction de Bucaramanga. Avec tout ça, je reprends la route tardivement, mais il faut que j'avance, demain j'ai un hôte à Zipaquira. Au village de Susa, je demande à la police s'il y a un endroit où je pourrais camper, ce n'est pas possible dans leurs locaux et ils ne veulent pas que je campe sur la place du village, ni au terrain de foot car ils ont peur que j'ai des problèmes avec les vénézuéliens (des migrants), ils me disent que parfois ils frappent les gens… Je pense plutôt qu'en fin de soirée, quelques personnes pas très intelligentes vont les embêter et forcément ils répondent… Finalement, je trouve un hôtel à bas prix, environ 5 euros. 

Samedi 16 octobre 
Je pars tôt pour ne pas arriver trop tard à Zipaquira où quelqu'un va m'accueillir. 
Il fait frais, 13 °C : on est à 2500 mètres d'altitude, c'est normal mais ça fait bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé, il me faudra quelques jours pour m'habituer. La route est plate et étroite, il n'y a pas d'accotements, mais ça ne me dérange pas trop car je n'y roule pas souvent pour éviter les crevaisons, même si en Colombie ils sont relativement propres, et il n'y a pas trop de trafic. Je m'arrête à 8 h pour boire quelque chose de chaud, une agua de panela (eau de canne à sucre) dans une panadería-restaurant qui s'appelle "Montbéliard"! Après un quarantaine de kilomètres, j'arrive au pied de la montée du jour, un peu moins de 10 kilomètres, qui m'amène à 3000 mètres. Une bonne préparation pour les prochains mois ! Et finalement, j'arrive en milieu d'après-midi à Zipaquira dans une famille : c'est un voyageur Argentin  qui m'avait donné le contact. Super sympa.

Dimanche 17 octobre 
Ce matin, je me lève tard. Après le petit déjeuner (chocolat chaud, pain et œufs), je vais finalement à pied avec Jaisson à la cathédrale de sel. On passe devant une fresque en hommage à Egan Bernal, récent vainqueur du tour de France qui est né ici. 

Jaisson me prête sa carte d'identité pour que je puisse profiter du tarif réservé aux Colombiens 😁. Cette cathédrale de sel est en fait une ancienne mine de sel creusée bien avant l'arrivée des colons. Les indigènes utilisaient le sel comme offrandes à la Terre Mère ainsi que pour leur alimentation. Les excavations d'où on a extrait le sel ont été transformées en différents salles, avec chacune une croix réalisée de manière différente, et de beaux jeux de lumières. Pour atteindre cette cathédrale située à 200 m sous terre, il faut emprunter un long tunnel de 486 m. La visite inclut un guide, c'est intéressant et très joli. Cette cathédrale unique au monde serait la première merveille touristique de Colombie. 
 
Sur le chemin du retour, j'en profite pour passer au centre-ville, histoire de visiter rapidement. 
De retour chez mes hôtes, Lucia m'offre un repas, soupe avec poulet, pommes de terre et riz, parfait ! 

Mais il est temps de reprendre la route, on m'attend un peu plus loin au village de Chía. Mais sur la route je vois un décathlon, je m'y arrête ! Ça tombe bien, je dois acheter un nouvel oreiller gonflable. 
Il me reste quelques kilomètres pour rejoindre la maison de Laure (c'est Marius rencontré il y a quelques jours qui m'a donné son contact), j'y rencontre une famille très sympathique, y a pas à dire, des fois j'ai de la chance ! 


4 commentaires:

  1. Coucou de Frontignan
    Toujours parfait ton reportage, enjolivé de belles photos !
    Merci beaucoup et bravo pour la forme qui revient.
    Ca roule donc bien pour toi... Bonne route pour la suite.
    Bien amicalement. Jeanine

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  2. Coucou Xavier, c'est avec plaisir que je viens de lire la suite de ton périple. Comme je vois tu ne te laisse pas aller, et tu n'as pas oublié la gastronomie même si elle est différente de chez nous (les fromages avaient l'air sympas. Bonne continuation. Joce&Gil

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