jeudi 15 mars 2018

Ensenada - La Paz

Après une longue attente voilà enfin de mes nouvelles.

Mais d’abord, je commence par une chose que j’ai oublié de dire dans le dernier article. Avec Jeams et Sanne, nous étions allés à l’orphelinat El Nino d'El rancho dans la vallée de Guadalupe pour lequel James avait organisé une collecte de nourriture pour les fêtes. Sur place, il y avait une dizaine de Mormons d’Utah qui nous ont expliqué qu'ils aidaient plusieurs orphelins dans la région. Le responsable nous apprit qu’actuellement il n’y avait aucun orphelin au ranch mais une cinquantaine d’enfants dont les parents ont des problèmes avec la drogue ou l’alcool… Il nous a expliqué qu’en Baja California, il y a plus de 100 orphelinats similaires qui s’occupent principalement de donner une éducation à ces enfants de la drogue. On a passé une bonne après-midi dans ce ranch qui cultive des fruits et des légumes. Je serai surpris quand James ira ramasser un plein sac d’oranges dans leurs cultures destinées à nourrir les enfants ou à la vente (il en a distribué une bonne partie au personnel de la Marina)…


Pour conclure, ce workaway, mon premier, ne restera pas comme un grand souvenir ; je venais pour apprendre l’espagnol, mais finalement je me suis retrouvé dans une marina (très sympa) avec quasiment exclusivement des américains... Pas simple pour l’immersion en espagnol ! Le projet était de nettoyer un parc (on s'y est rendu au moins 3 fois par semaine) et pour la plus grosse partie de rénover un bateau. Mais j’aurai passé plus de temps en voiture ou à attendre James qui discutait avec tout le monde pendant des heures… C'est dommage, son projet est intéressant mais il y a un cruel manque d’organisation… Pour finir, sur les 5 semaines, on aura vraiment travaillé 1 ou 2 semaines sur le bateau… et encore que quelques heures par jour.


Ça y est, c'est l’heure de quitter Ensenada pour découvrir le Mexique, ça faisait un moment que je l’attendais, la route me manquait, le sentiment d’inconnu, de vivre au jour le jour, ces découvertes de chaque instant, cette nouvelle langue, nouvelle culture... Je sais que la journée va être dure. Déjà car je n'ai pas roulé depuis plus d'un mois et qu'il faut passer une sierra. De plus, j’ai du me charger d'un maximum d’eau (10l) car pas grand chose sur la route. Je pars finalement à 10h30~11h, la journée va être courte vu que le soleil se couche à 17h. Heureusement le vent de ces 2 derniers jours a changé, il est léger et principalement de dos, cette petite brise est bien agréable par cette journée d’hiver mexicain (une trentaine de degrés Celsius tout de même). Après un peu plus de 2 h de route, je m’arrête à l’ombre pour manger : ça se confirme : ça monte bien ! et je n’ai fait qu’une petite vingtaine de kilomètres. Finalement, je vois un joli coin à 16 h et malgré le peu de kilomètres parcourus (35…) je préfère m'arrêter là, les jambes sont raides, ce sera mieux demain, le plus dur de la côte est passé (c'est ce qu'il faut se dire). En bref une journée en enfer...

Mardi 30 janvier
Après avoir fini de passer la sierra (les jambes répondent déjà bien mieux qu'hier), j’arrive dans la vallée de Ojos Negros. La route est en léger faux plat montant avant de remonter plus sérieusement. Après avoir mangé, je vois sur la droite de la route un abreuvoir en béton et en regardant un peu plus loin sur la gauche une madone  et juste à côté une source : parfait, je refais mon plein d’eau. Finalement, je roule jusqu'à Làzaro Càrdenas et m’arrête juste après, dans le lit de la rivière asséchée.

Mercredi 31 janvier
Aujourd'hui l’objectif est San Felipe, à 130km. Il fait frais (~5°C) ce matin et il y a du vent et bien sûr de face ! Heureusement, il y a pas mal de portions de route abritées. Après quelques kilomètres, je vois 2 coyotes qui traversent tranquillement la route devant moi : ils n'ont pas eu peur car ils ont sûrement vu Skippy !!! Une fois les quelques kilomètres de montée passés, je commence la longue descente avec une petite bosse au milieu vers le golfe de Corte où je rejoins la Mexicali 5. 

De là, on aperçoit le Delta du Colorado avec lequel on se sera souvent croisé depuis mon passage en Colorado. J’arrive vers 11h et m’arrête 2h plus tard après 90 km. J’arrive finalement vers 15h30 à San Felipe, mais je m'aperçois que j'ai confondu 2 villes, San Felipe et San Ignacio où il y a un homme qui a transformé son jardin en “casa del cyclista”. Résultat : il me faut trouver un endroit pour dormir mais je n’ai pas envie de payer 10~20$ US pour un camping à touristes... Je continue donc un peu et finalement je m’arrête une dizaine de kilomètres après la ville, à la tombée de la nuit, dans un coin pas top (beaucoup de déchets)...

Jeudi 01 février
Encore une fois le départ est frais avec du vent de temps en temps. Je pars doucement, les muscles sont un peu raides ce matin. Je passe dans un désert de sable avec pas mal de bosquets. Le paysage change en fin de journée en arrivant vers Puertecitos : cela devient plus volcanique. Pendant que je mange mes traditionnelles pâtes, j’entends les Coyotes qui me signifient bruyamment que je suis chez eux...

Vendredi 02 février
Finalement je n'ai pas été embêté par les coyotes pendant la nuit. Le temps est menaçant ce matin mais je ne me mouillerai pas. Arrivé à Luis Gonzaga (rancho Gonzaga) vers 13h et après y avoir mangé, je roule encore un quinzaine de kilomètres avant de quitter le goudron car la route est en plein travaux. Je comprends vite qu'il ne faut pas suivre les déviations, les panneaux sont là seulement pour le cas où des ouvriers travailleraient, sinon on peut rester sur la route.

Je plante ma tente quelques kilomètres plus loin entre l’ancienne et la nouvelle route. Après avoir mangé, je regarde les étoiles, c'est vraiment autre chose dans les déserts... Je suis surpris de ne pas voir la lune alors que ce matin on la voyait presque pleine (après avoir mieux regardé le lendemain, je comprendrai que la lune se lève vers 4h du matin et se couche vers 15h).

Samedi 03 février
Après quelques kilomètres, je réalise que la nouvelle route ne passe plus par le “Coco corner”, un lieu qui était incontournable sur cette piste. Son échoppe est le passage obligé de tous les voyageurs... Mais la contrepartie c'est qu'elle est plus courte et sûrement plus facile. Résultat, j’arrive à Chapala à 11h, malgré une section de 10 km des plus pénibles (forte pente avec engins de chantier). Une fois sur la Mexicali 1, ça roule mieux et je m’arrête un peu plus de 60km plus loin après Punta Prieta, au milieu des cactus.

Dimanche 04 février
L’objectif du jour est le parallèle 28 et le restaurant Ojo de Liebre où on peut planter sa tente gratuitement, à 120km. La première partie de la route est bossue. J’arrive à Villa Jesus Maria à 13h après 90 km et l’achat d'un yaourt Yoplait me fait penser à mon frère (il travaille pour ce groupe). Les 30 derniers kilomètres sont beaucoup plus simples et j'arrive un peu après 16h au resto. Parfait. En plus il y a une douche !!!

Lundi 05 février
Ce matin, il y a du brouillard, ça me fait râler, mais quand je plie ma tente, je vois qu'il se lève légèrement. Je pars à Guerrero Negro pour trouver un mercado ou super mercado pour y faire quelques courses et voir les prix pour une excursion en bateau au milieu des baleines. Arrivé en ville, je demande à un homme où il y a un mercado. Finalement Carlos me dit de le suivre, m'aide à faire mes courses puis m'emmène au port, super sympa. Finalement l'excursion est un peu chère, mais ça dure 4h, donc ça va. La journée est sympa, je suis avec des Coréens dans le bateau et l'on voit plein de baleines. 

De retour à 15 h passées, Mikka m'offre un porte bonheur Coréen que j'accroche à ma sacoche de guidon. Puis je récupère de l’eau au resto/hôtel, mange 2 tacos dans une petite échoppe et c'est parti pour le Desierto de Vizcaino, objectif : 40km de plat. Vers 17h30, l’objectif est atteint, mais pas de coin camping. Finalement, je suis obligé de demander à 18h à un Ranch (Rancho Saint Célestin) : le portail est ouvert, je vais vers les bâtiments, les chiens jappent, mais personne. Je vois une voiture qui s’arrête sur la route (j'apprendrai plus tard que c'était le patron du ranch qui prévenait son employé qu'il y avait quelqu'un). Quand je vais pour partir, un homme m’appelle, “El Grande” (pas retenu son nom, que son surnom) qui travaille pour ce ranch et qui m’invite à planter ma tente à côté de sa maison, il me montre tous les arbres fruitiers qu'il arrose (il puise de l’eau potable à 80 mètres de profondeur) et m’offre des citrons super bons (avec 1, je me fais 2 litres d'eau citronnée). On passe une soirée super sympa, il m’invite même à  manger du poulet, chorizo, patates et soupe avec des tortillas (pain à tacos).

Mardi 06 février
Une nouvelle fois, le départ est dans le brouillard, qui se lèvera après quelques heures, la route est ennuyeuse, toute droite. L'après-midi, j'aurai la mauvaise surprise de trouver beaucoup de mouches… Arrivé à San Ignacio, je m’arrête dans la Casa del cyclista de Orton, bien sympa, et j’y rencontre 2 américains qui font la Baja Devide (une piste de sable qui traverse la péninsule).


Mercredi 07 février
Après avoir réparé le boulon de  mon porte-bagage qui a une nouvelle fois cassé (4 ème fois je crois…), retendu ma chaîne et fait diverses bricoles, je mange puis je pars pour faire 40~50 kilomètres et finir la montée de la Sierra de Santa Lucia.


Jeudi 08 février
À Santa Rosalia, je fais mes courses puis vais voir l’église Santa Bárbara réalisée par Gustave Eiffel en même temps que notre grande tour parisienne. 

Je roule jusqu'à Mulegé où je m'arrête à la casa de Pancho : on peut planter sa tente gratos avec en plus il y a wifi et douche (à l’eau froide).
Je rencontre Manuel, un mexicain qui va vers le Nord en vélo. Il me donne plein de conseils sur les endroits à voir au Mexique et me conseille sur l'achat d'un hamac.


Vendredi 09 février
Après avoir discuté un moment avec Manuel , je pars après 9h pour une journée tranquille. Je m'arrête manger sur la playa el Coyote dans un superbe endroit colonisé par quelques retraités américains et canadiens et leurs énormes RV… 

Je repars avec l’idée de m’arrêter au bout de Bahia de Concepcion, mais la route que j’avais vue sur ma carte et qui devait aller à un village de l’autre côté du golfe n’existe pas… Je ne veux pas  revenir 10 kilomètres en arrière, alors tant pis pour la plage, ce sera pour une autre fois…


Samedi 10 février
Après quelques bosses, la route pour Loreto s’aplanit avant une montée finale où je mange après 60 kilomètres, ce qui me laisse le temps de faire des courses et de visiter cette ville où a été fondée la première colonie européenne de Basse Californie, la Mision Nuestra Señora.

C'est de là que partaient les Franciscains et les Dominicains pour christianiser les indigènes. C'est maintenant le point de départ du Camino Réal (un peu l'équivalent de notre Camino de Santiago). À la sortie de la ville, je prends un petit chemin sur la gauche et finalement, après quelques kilomètres, cette piste m'amène sur une jolie plage de sable noir (où j'ai la bonne idée de m'éclater l'ongle du gros orteil... sympa le sable qui se colle au sang…)


Dimanche 11 février
Après avoir pris le temps d’observer le beau lever de soleil, me voilà parti pour une dure journée car il faut passer la Sierra de la Giganta.

Après une dizaine de kilomètres, j'arrive à un point d’eau gratuit indiqué par ivolander (une application dont je vous ai déjà parlé). C'est finalement après une trentaine de kilomètres que la montée commence vraiment sous une chaleur correcte (environ 30°C). Malgré le vent de face, la montée passe bien. 

C'est une bonne journée : je trouve un bouteille de powered à la moitié ainsi qu’une petite brique de lait au chocolat, une autre de jus de pêche et 2 d'orange.


Lundi 12 février
Aujourd'hui commence une route pas très intéressante. A Ciudad Constitution, je fais des courses et mon plein d’eau et finis la journée après 120 kilomètres... De chaque côté de la route il y a des clôtures, je suis donc obligé d'en ouvrir une pour trouver un coin pour la tente...


Mardi 13 février
Il y a quelques mois, j’avais contacté un couple de Workaway à la Paz. Ils ne pouvaient pas m’accueillir en janvier car ils attendaient une petite fille : pas de place, et manque de temps. J’avais donc opté pour celui d’Ensenada. Ils m’avaient néanmoins invité à faire une halte chez eux en me proposant de planter ma tente, ce que j'acceptais.
Pour arriver chez eux, il me reste 150 kilomètres... La première partie de la route est bossue et je ne pense pas pouvoir y arriver dans la journée. 

Mais finalement, l'après-midi, la route est plus facile et j’arrive au chemin du Rancho Cactimar à 17h30. Plus que 3 km ! La mauvaise surprise c'est qu'il me faut plus d’une heure pour les faire. J'arrive donc de nuit...


Rancho Cactimar
En arrivant, je suis de suite accueilli par Jean-Christophe qui vient à ma rencontre après avoir vu la lumière de mon phare au loin et entendu les aboiements de ses 5 chiens (Fifou, Zeus, Youma, Rufo et Simon). Une fois mon vélo garé, je rencontre Marjorie et Lucy, leur petite fille de 3 mois, ils ont également depuis quelques jours en workaway une américaine, Madison, qui les aide à dresser un cheval. Quelques jours avant mon arrivée, Jean-Christophe a fini une terrasse qui a juste la bonne taille pour planter ma tente !!!

Le Ranch est situé dans un très bel endroit entre mer et désert (d'où son nom : Cactimar = cactus et mer). Seul hic, pas d’eau courante, ni d'électricité (et un réseau téléphonique des plus capricieux). Pour l’eau, ils s'approvisionnent avec le puits d’un voisin et pour l'électricité, ils ont des panneaux solaire. Mais bon, la beauté du lieu vaut bien ces petits désagréments !

Depuis Ensenada, j'avais commandé des pneus ainsi qu'un petit feu arrière sur dynamo que je me suis fait livrer chez un de leurs amis à La Paz. Au final, le colis est resté bloqué une dizaine de jours à la douane et il est arrivé 1 ou 2 jours avant moi (j’avais bien fait de prendre de la marge). Quand nous allons le récupérer chez le transporteur, j'ai la surprise de devoir payer des frais de douane… C'est aussi ça le Mexique.


Sanne que j'ai rencontré à Ensenada m'avait proposé de me récupérer à La Paz pour faire la traversée du golfe jusqu'à la ville de Mazatlàn. Il pensait être à La Paz autour du 15, mais le 18 je reçois un message où il m’informe qu'il a eu un problème de voile et que finalement il n'a pas pu s'arrêter à La Paz, dommage. Après cette nouvelle et comme il fait bon vivre dans ce ranch, je décide de prolonger mon séjour et de rester quelques jours de plus. Et puis, pour moi qui adore ça, je trouve plein de petites bricoles à faire (après avoir fixé mon nouveau feu et cajolé ma monture) : une porte à réparer, des interrupteurs à installer, un enclos à tortue, un poulailler, … 

Le plus difficile est de mettre en service un chauffe-eau solaire pour l’eau de la douche, car il ne fonctionne pas correctement (pour cela je ferai appel à Aude, une amie qui travaille (en France) dans le domaine de la plomberie/climatisation/chauffage). Après plusieurs essais, nous arrivons à résoudre les problèmes et nous enterrons les canalisations afin de limiter l’impact du soleil (c’est qu'il chauffe bien le sable, le soleil du Mexique !!!). Et comme le sol de la douche est juste constitué de palettes, je pose un carrelage, c'est un peu comme un nouveau jeu pour moi !!!

En plus j'aurais la chance de voir quelques nouvelles petites bêtes "sympas" : scolopendre, scorpion, veuves noires !!!

J'en profite également pour me faire livrer un hamac qui me sera très utile dans les mois à venir.

Je devais rester 2 ou 3 jours au ranch mais aujourd'hui ça va bientôt faire 3 semaines que je suis là ! C'est aussi cela la vie sur la route : on peut changer facilement ses plans. Pour la suite, le tracé n’est pas vraiment défini, j’ai plusieurs idées en tête, mais d’abord il me faudra quitter la Baja pour rejoindre l’autre Mexique, celui du continent qui s’annonce différent !!!

6 commentaires:

  1. Tes aventures sont toujours aussi passionnantes Xav'...
    Au plaisir de continuer à te lire... Beez

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  2. Bon maintenant où en es tu? Jean Luc te traite de fainéant... a moins qu'une mexicaine n'ait attiré ton regard....

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  3. Bravo Xavier pour tes excellents reportages et photos. Je suis ton aventure avec intérêt et passion. Courage pour la suite, veinard ! Fais-nous encore rêver. Amicalement.
    Jeanine -FRONTIGNAN- Amie de tes parents

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  4. Bonjour J'ai ton blog par tes parents avec lequel je partage la photo et le festival curieux voyageurs, j'apprécie ton bloget tes commentaires .Bon courage ,ne lache rien

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  5. coucou,
    Alors où es-tu ??? Retour à Mexicali où tu as traversé en bateau depuis La Paz ?? bon courage, Nathalie

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  6. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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